Les titres-restaurants ont connu de nombreux rebondissements au cours des cinq dernières années. Leur utilisation a été élargie, le plafond a été augmenté, de nouveaux émetteurs sont apparus. Cependant, à partir du 31 décembre, les titres-restaurants ne pourront plus être utilisés pour l’achat de produits alimentaires non consommables immédiatement. Cette restriction ramène les titres-restaurants à leur utilisation originelle : un moyen de paiement pour se restaurer au quotidien. Cette décision, prise dans le cadre de la loi pour la protection du pouvoir d’achat, a des conséquences importantes pour de nombreux foyers qui dépendent des titres-restaurants pour réduire le coût de leurs courses. En plus de cette restriction, de plus en plus de restaurateurs refusent d’accepter les titres-restaurants papier. Depuis février, environ 10% d’entre eux ne les acceptent plus, et ce chiffre pourrait atteindre 24% d’ici la fin de l’année, selon une étude du groupement des hôtelleries et restaurations de France. Ce refus est une réaction à la fermeture du Centre des Titres-Restaurant, qui oblige désormais les restaurateurs à passer par un processus administratif complexe pour se faire rembourser. Alors qu’auparavant, il leur suffisait de déposer les tickets dans un point relais. Cette dématérialisation forcée a des avantages pour les salariés et les employeurs, mais elle suscite des inquiétudes chez les émetteurs de titres-restaurants. La dématérialisation massive des titres-restaurants Les avantages de la dématérialisation Depuis 2018, l’utilisation des titres-restaurants papier a considérablement diminué, passant de 95% à 40%. Tous les émetteurs de titres-restaurants, tels que Sodexo, Bimpli, Endered ou Up, souhaitent que le gouvernement impose la dématérialisation à l’ensemble des utilisateurs et des commerces d’ici 2025. Cette dématérialisation présente de nombreux avantages, notamment la possibilité de payer au centime près, l’absence de date limite d’utilisation et la possibilité de faire opposition en cas de perte. Les craintes des émetteurs de titres-restaurants Malgré les avantages de la dématérialisation, les émetteurs craignent que les titres-restaurants disparaissent un jour. En effet, ces titres sont financés en partie par les entreprises, qui bénéficient ainsi d’une exonération de charges fiscales et sociales. Certains considèrent les titres-restaurants comme une niche fiscale, permettant à l’État de se passer d’impôts et de cotisations sociales. Pour préserver cet avantage salarial et éviter sa disparition à moyen-long terme, les émetteurs et les acteurs du secteur appellent à ne pas détourner les titres-restaurants de leur vocation initiale. Les propositions pour l’avenir des titres-restaurants Revenir à la vocation de santé publique Selon Patrick Bouderbala, président du Centre National des Titres Restaurant, les titres-restaurants ne doivent pas devenir de simples bons d’achat ou se substituer à d’autres mesures anti-inflation. Il estime qu’il est nécessaire de revenir à la vocation initiale des titres-restaurants en tant qu’outil de santé publique. Cette position est partagée par les organisations syndicales et patronales, qui voient dans les titres-restaurants un moyen de soutenir le pouvoir d’achat des salariés. Renforcer le pouvoir d’achat Pour renforcer le pouvoir d’achat des salariés, certains proposent d’augmenter le montant global des titres-restaurants à 15 euros et d’élever l’exonération patronale à 75%. Selon Loïc Soubeyrand, fondateur de la startup Swile, ces mesures permettraient de véritablement lutter contre l’inflation. Il souligne également que le titre-restaurant est un avantage salarial défiscalisé et qu’il est essentiel de le préserver pour le bien de toutes les parties impliquées. Les titres-restaurants évoluent en septembre 2023 vers une utilisation plus restrictive et une dématérialisation généralisée. Si ces changements suscitent des inquiétudes chez certains acteurs, ils sont également perçus comme une opportunité d’améliorer l’efficacité et la simplicité du système. Il reste à voir comment ces évolutions impacteront à long terme l’utilisation des titres-restaurants et le pouvoir d’achat des salariés.